2018-01-08 00:00:00

Parution dans les Tablettes Lorraines

Pascal Pinelli, président de la Capeb de Meurthe-et-Moselle

Dix ans passés à la tête de la Capeb (Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment) de Meurthe-et-Moselle, Pascal Pinelli passera dans quelques mois le flambeau de la présidence de cette confédération. L’homme du Pays-Haut, né à Mont-Saint-Martin, a été de toutes les tempêtes et de tous les combats de la sphère artisanale du bâtiment. Un artisanat qu’il a chevillé au corps comme une seconde nature, si ce n’est la première.

En assemblée générale, sa voix est posée, le timbre tranquille avec un trémolo lors de l’introduction de ses discours qui s’efface rapidement quand il entre dans le vif du sujet. Elle devient alors puissante, pleine d’assurance, mais jamais agressive lorsque les sujets revendicatifs sont abordés avec toujours une ouverture au dialogue, au débat dans un objectif constructif. Pascal Pinelli est un bâtisseur, un constructeur qui depuis dix ans garde et veille sur la grande maison de la Capeb de Meurthe-et-Moselle en y apportant jour après jour les matériaux fédérateurs nécessaires pour faire entendre la voix des artisans du bâtiment. Président depuis 2007, l’enfant du Pays-Haut, né à Mont-Saint-Martin, a «connu toutes les tempêtes du monde artisanal.» Un an après sa prise de fonction, celui qui est entré à la Capeb en 1986, a vécu la période d’une conjoncture assassine. «J’ai reçu dans mon bureau des artisans en pleurs, perdus. Voir des gens investis et travailleurs souffrir à cause de la conjoncture économique est une chose inacceptable.» Dans son bureau dans la bien nommée Maison des Métiers à Laxou, l’encore président qui passera la main dans quelques mois, sait que ces dix années passées comme capitaine de navire ont été celles de combats incessants pour faire connaître les maux des artisans face à des évolutions sociétales, des décisions politiques qui les dépassent au mieux, les enfoncent au pire. Les combats sont loin d’être terminés à l’image de celui mené, toujours farouchement, contre le régime de micro-entrepreneurs. «Face au doublement de leur plafond, il serait bon de mettre en place le principe : à travail égal, charges égales et obligations légales. Les micro-entrepreneurs sont quasiment présentés comme les artisans de demain. Bon nombre d’artisans sont même aujourd’hui en train de réfléchir à passer sous ce statut de micro-entreprise. Si l’on continue ainsi, c’est la disparition pure et dure des petites entreprises artisanales structurées », lançait en octobre dernier à l’occasion de sa dernière assemblée générale, ce fils d’immigré italien et maçon de profession. Les crises, celui qui s’installe à Herserange en avril 1980 avec sa SARL Azzara-Pinelli, les a connues de l’intérieur.

L’âme artisanale

«Dans les années quatre-vingt, la chute de la sidérurgie et ses dommages collatéraux m’ont fait prendre conscience qu’il était nécessaire d’apporter quelque chose aux artisans.»La cause artisanale, il l’épouse à cette époque un peu comme un devoir, un sens du devoir acquis sans doute un peu au cœur des bataillons de parachutistes (dont plusieurs photos ornent son bureau), et il ne la quittera jamais. De mandat en mandat dans différentes instances à l’image du conseil des prud’hommes de Longwy qu’il préside en 2005 ou encore la présidence de l’UPA (Union professionnelle artisanale) de Meurthe-et-Moselle depuis 2015 en passant par la CPAM (Caisse primaire d’assurance maladie), le Centre de médecine préventive, Pascal Pinelli n’a de cesse de faire valoir cette âme artisanale qu’il a chevillée au corps et ancrée dans le cœur. Au mur de son bureau, le président fondateur de la Capeb (en 1946) Marcel Lecœur pose un regard apaisant, presque protecteur, sur l’homme du Pays-Haut qui a «connu du bon et du mauvais» à la confédération. Une capacité à faire face comme le témoigne la médaille confédérale d’argent qu’il a reçu en 2010, «un grand moment chargé d’émotion.» Plus qu’une distinction de ses pairs, une reconnaissance du travail accompli, de l’implication dans la défense de l’intérêt des artisans-bâtisseurs. Dans quelques mois, son successeur prendra les clés de cette maison pour mener les batailles de demain et faire se conserver les lettres de noblesse de l’artisanat. En 2018, une page va se tourner à la Capeb 54 mais l’ADN devrait perdurer. Les années Pinelli auront laissées de saines traces et le sillon tracé n’attend qu’à être suivi et accentué. La route continue encore quelques temps pour Pascal Pinelli à la tête de la confédération avant de prendre un nouvel itinéraire sans doute plus serein, moins escarpé mais toujours combatif pour la reconnaissance et la défense de l’artisanat. On ne se refait pas…

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