2018-12-17 10:35:48

« Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement »

Le 14 novembre, Edouard Philippe annonçait, entre la poire et le fromage, que le gouvernent visait la fin des chaudières fioul d’ici 10 ans. Une erreur de communication majeure passée, au vu des troubles actuels, relativement inaperçue du grand public, mais qui risque de profondément déstabiliser le marché du fioul et du chauffage en général. Et avec la concertation annoncée, aucune solution concrète n'est prête d’émerger avant 2020

Les chaudières fioul équipent aujourd’hui 4 millions de foyers en France. Elles font travailler des fournisseurs, des installateurs et les professionnels chargés de leur entretien annuel.

Quelle panique peut justifier la prise de décisions aussi aberrantes que contre-productives, dont le seul mérite est de rallier le « panache blanc » d’une écologie de plus en plus dictatoriale ? Le tout, bien évidemment, sans concertation avec la filière, ni même de simple information préalable, d’ailleurs ?

Bien évidemment, cette annonce a été interprétée comme une volonté de contraindre les particuliers à se débarrasser de leur chaudière fioul avant 10 ans, ce qui a bien évidemment eu des répercussions très concrètes dans la semaine qui a suivi : plusieurs de nos adhérents ont dû annuler des installations à la demande de clients paniqués.

Une fois de plus, l’annonce-choc a été suivie d’un rétropédalage partiel sur le mode « ce-n’est-pas-ce-que-je-voulais-dire ». Le 28 novembre, Edouard Philippe précisait donc que l’objectif du gouvernement, « c'était de faire en sorte d'accompagner, d'aider ceux qui voulaient changer leur chaudière au fioul. Cela a parfois été interprété comme la possibilité d'interdire les chaudières au fioul. Il ne s'agit pas de ça. On ne va pas interdire les chaudières au fioul". Simple malentendu, donc…

La transition énergétique est incontestablement un impératif dont notre génération va devoir prendre sa part. La CAPEB est en parfaitement consciente, et nous rappelons que nous avons milité en ce sens, en demandant un effort massif de l’État pour aider les particuliers à changer leurs installations. En ce sens, la CAPEB propose le lancement d’une opération coup de pouce au titre du dispositif des certificats d’énergie permettant d‘accompagner les ménages à la fois dans un changement d’énergie, mais également dans la réalisation de leur nouvelle installation de chauffage, qui permette de minimiser leur reste à charge.

Mais cette révolution énergétique ne pourra pas se faire sans une concertation constante et transparente entre l’État, garant de la feuille de route de cette transition, et les professionnels en charge de sa mise en œuvre opérationnelle.Il n’est pas possible de modifier les règles en cours de jeu : les entreprises du Bâtiment ont besoin d’un minimum de stabilité

Dans cette même logique,pourquoi refuser de réintroduire les menuiseries dans le champ du CITE, malgré les demandes répétées de la CAPEB ? Aider à l’installation de menuiseries performantes, en plus de générer utilement de l’activité pour les TPE-PME, va dans le sens même de l’Histoire et de la transition énergétique.

Laquelle transition énergétique constitue un chantier immense qui nécessite un soutien massif de l’État pour atteindre ses objectifs, et ce d’autant que la reprise dans le bâtiment tend à faiblir et que nombre de Français n’ont clairement pas les moyens de procéder à de tels investissements.

Les Français ne sont peut-être pas en mesure de saisir la « pensée complexe » de l’Exécutif. Il serait néanmoins mieux pour tout le monde que nos responsables conçoivent un peu mieux les conséquences économiques de leurs discours à l’emporte-pièce, afin de les énoncer clairement. Car dans ce cas, les mots pour le dire arriveraient aisément... Il conviendrait également de prendre conscience de la nécessité d’un « Plan Marshall de la transition énergétique », élaboré avec les organisations professionnelles, qui garantirait, en même temps que sa réussite, une véritable relance économique.