2020-03-29 03:09:29

Actu Covid19 29 Mars : Pas de Sécurité = Pas de Chantiers !

"La vie de nos Entreprises Artisanales et de proximité, c’est en premier la vie des femmes et des hommes qui la composent !"

PAS DE SÉCURITÉ = PAS DE CHANTIER

La CAPEB Charente conseille aux entreprises du Bâtiment de ne pas reprendre les chantiers !

Les conséquences de la crise sanitaire mondiale liée au Covid19 a des répercussions à tous les niveaux. Et le secteur du BTP n’y échappe pas.

Pris en étau entre la volonté de préserver la santé de leur personnel et la nécessité de d’assurer la survie économique de leur entreprise, les chefs d’entreprises artisanales du bâtiment ne savent plus quoi faire.
Alors que lePremier Ministre a décrété une prolongation du confinement jusqu’au 15 avril 2020, il est compliqué d’imaginer que les salariés ainsi que les artisans devraient reprendre les chantiers.

Si pour certaines grandes sociétés la rentabilité financière passe avant tout autre chose, la réflexion est tout autre dans une entreprise artisanale.

Les salariés et le chef d’entreprise forment une famille, une équipe indissociable où tout le monde se connaît. Et mettre en danger une personne de sa famille dans la période actuelle, la plupart des artisans ne peuvent s’y résoudre.

Tout employeur a la responsabilité de garantir la sécurité de son personnel. Dans le cas contraire, sa faute inexcusable pourrait être engagée. Or, la situation actuelle ne permet absolument pas à un chef d’entreprise du BTP de garantir cette sécurité sur un très grand nombre de ses chantiers.

Un accord avait été négocié entre les acteurs de la Construction et le gouvernement, et signé le week-end dernier. Or, cet accord devait être complété cette semaine par la parution d’un guide de bonne conduite rédigé par l’OPPBTP. L’objectif de ce guide étant de sécuriser les conditions dans lesquelles un chantier pourrait se réaliser tout en respectant les règles strictes de sécurité sanitaire. Rappelons que faute de pouvoir respecter les pratiques décrites par l’OPPBTP, les entreprises peuvent justifier de l’activité partielle, que beaucoup d’entre elles ont d’ores et déjà sollicité.

Malheureusement, alors que les organisations professionnelles et syndicales de la profession, ainsi que les négociants, les architectes et bureaux d’étude ont assumé leur part de responsabilité en rédigeant ce guide de bonne pratique en seulement 4 jours, les Pouvoirs Publics ne l’ont toujours pas validé.

Mais, quand bien même le guide de l’OPPBTP était validé, même si les mesures prévues sont légitimes, les contraintes sanitaires reportées sur les entreprises pour protéger leurs salariés sur chantiers sont impossibles à mettre en œuvre :

  • Proscrire toute tâche ne permettant pas de respecter la distanciation minimale de 1m, à moins de porter un masque.
  • Imposer de nettoyer tout outillage avant de passer entre les mains d’un autre compagnon.
  • Imposer aux compagnons de se laver les mains toutes les 2h.
  • Désinfecter les bases vie 2 fois par jour.
  • Limiter au maximum la co-activité. Ce qui est par définition compliqué sur des chantiers de construction ou les différents lots travaillent les uns à côtés des autres.
  • Mettre en place un local d’isolement en cas de suspicion de Covid-19.
  • Se déplacer à un par véhicule 2 places et à 2 maximum par véhicule 3 places, etc.

Rappelons qu’il est impossible aujourd’hui de se procurer des masques de protection, sachant qu’ils sont réquisitionnés pour le personnel soignant ce qui est tout à fait normal.

Également, que dire des situations quotidiennes de nos chantiers : l’installation d’une menuiserie ou d’une chaudière, la proximité sur les échafaudages.... En plus d’être un secteur d'activité qui nécessite de rentrer dans les logements des particuliers, les actifs du BTP sont des “nomades” (déplacements entre le siège de l’entreprise, parfois pour plusieurs chantiers par jours, les distributeurs, …).

Aujourd’hui, il n’est pas possible de dépister les compagnons et les chefs d’entreprises du BTP. Ainsi, sans possibilité d’assurer la mise en œuvre des gestes barrières, il y a un véritable risque de créer des « clusters Covid-19 » sur les chantiers du BTP. C’est hors de question !

Par ailleurs, d’autres contraintes compromettent la reprise de l’activité du BTP :

  • Des fournisseurs de matériaux ouvert en mode « dégradé » ce qui provoque des délais importants pour s’approvisionner, et mêmes des ruptures d’approvisionnement pour certains produits.
  • Des clients particuliers qui refusent de laisser les professionnels accéder à leur logement. Qui peut les en blâmer ?
  • Des fermetures de chantiers imposées par certains maîtres d’ouvrages, notamment les chantiers de l’État.

Ces conditions exceptionnelles servent également à motiver la mise en activité partielle, car elles mettent en péril la rentabilité économique des chantiers.

Pour toutes ces raisons, le Conseil d’Administration de la CAPEB de la Charente réuni en visio conférence, a décidé de conseiller à tous les chefs d’entreprises du BTP de ne pas reprendre les chantiers à compter du lundi 30 mars 2020, pour garantir la santé de leur personnel, et sécuriser juridiquement leur entreprise.

D’ailleurs, la CAPEB dénonce l’attitude de certains maîtres d’ouvrages privés, promoteurs immobiliers qui exercent un chantage économique sur les entreprises pour reprendre les chantiers. Dans le contexte que nous connaissons, ces attitudes sont inacceptables !

Évidemment, pour les situations où les chantiers ne peuvent être reportés (travaux d’urgence, dépannage,…), ou des chantiers où la protection de tous peut être assurée simplement, ou dans le cas où le chef d’entreprise pour des raisons de survie économique doit assurer une activité minimum, la CAPEB Charente est aux côtés des entreprises pour leur permettre de mettre en œuvre les gestes barrières absolument nécessaires.

Enfin, les entreprises du Bâtiment de la Charente peuvent s’appuyer sur le soutien de la CAPEB, de ses collaborateurs pour disposer des outils spécifiques liés à la crise sanitaire (informations et conseil sur les aides financières et mesures de soutien aux entreprises, informations pratiques, …) et ainsi répondre à toutes leurs interrogations.

Depuis le début de cette période, la CAPEB, son Conseil d’Administration, les collaborateurs ont accompagné et conseillé plus de 500 entreprises (via plus de 1000 sollicitations mail ou téléphone).

Bien plus qu’une question économique, ou organisationnelle, la situation appelle tous les Artisans et Entrepreneurs du bâtiment à adopter une attitude de responsabilité.