2016-07-05 00:00:00

Faire de l'apprentissage une voie d'excellence

Malgré le piteux état dans lequel il se trouve, l'apprentissage doit resté une voie d'excellence pour les entreprises et les jeunes

Des acteurs politiques au monde de l’entreprise tout le monde est d’accord sur un point, les vertus de l’apprentissage sont irréfutables pour la formation et l’insertion des jeunes en milieu professionnel. Ces vertus sont tellement vraies que les exécutifs successifs en France dépensent des milliards chaque année pour faire de cette forme d’alternance une arme contre le chômage massif chez les 16-25 ans. Toutefois, faute de véritables mesures de fond, les objectifs fixés par les autorités peinent à être concrétisés.
Malgré le développement de l’apprentissage et les efforts des exécutifs, la barre des 500 000 apprentis en France n’a jamais été atteinte. De même, dans l’île, l’objectif des 8000 apprentis fixé par le Conseil Régional semble difficilement atteignable.
Les raisons de ce piteux état
La contribution financière de la nation (Etat, régions et entreprises) en faveur de l’apprentissage est énorme. Mais en rapportant cet effort considérable à la progression du nombre d’apprentis, force est de constater que le rendement de la dépense est faible. En 2012, le financement de l’apprentissage était de 8.2 milliards d’euros, soit 18 700 € dépensés en moyenne par apprentis contre 14 200 € en 2004.
Les aides financières à l’apprentissage sont constamment rognées. C’était le cas au début du quinquennat de F. HOLLANDE avant d’être rétablies en 2015 sous d’autres formes. Les instabilités découragent les entreprises.
En France la responsabilité de l’apprentissage et gérée par deux ministères, celui de l’Education nationale et le celui du Travail. De plus les régions conventionnent et subventionnent les CFA et élaborent les contrats de plan régional des formations et de l’orientation professionnelle. L’approbation des partenaires sociaux n’est que facultative.
Les offres des entreprises et les demandes des jeunes sont éclatées sur Pôle Emploi et les Missions locales. Elles ne sont pas rassemblées. Les jeunes doivent trouver par eux-mêmes un employeur et un CFA.
Malgré son plébiscite, l’apprentissage est toujours et encore considéré par les familles et les jeunes comme une voie de garage. Pour certains il est un outil susceptibles d’insérer les jeunes en échec scolaire.
Les chefs d’entreprise reconnaissent l’apprentissage comme une voie d’excellence, mais ils sont frustrés par un système de financement et des démarches administratives complexes. Même les experts s’y perdent ! De plus, ils considèrent la formation un peu éloignée de leurs besoins. Dans certaines entreprises, l’apprentissage est un moyen de réduire le coût du travail. Dans d’autres, comme une sorte de super-stage. Pour autant, l’apprentissage est une voie d’excellence que seule une vision différente pourra mettre en lumière.
L’apprentissage : une voie d’excellence
En France, et particulièrement à La Réunion, l’on aime bien les contradictions, non ?
Et pourtant ! Quand on voit que le taux de chômage des jeunes dans le département est de près de 60% ; quand on voit que plusieurs jeunes arrivés à l’Université se retrouvent dans l’impasse et en sortent définitivement. A côté de cela, il y a l’apprentissage où peu de jeunes en font leur choix alors qu’une grande majorité des apprentis obtiennent leur diplôme et trouvent un CDI à la sortie.
Manifestement, l’apprentissage a bien des atouts irréfutables que seuls ceux qui ont mis le pied dedans ont bien compris. Ils ont été aussi bien compris par les pays nordiques. En Allemagne, par exemple, le chômage des jeunes est de 8% grâce aux 16% qui sont entrés en apprentissage.
Ce qui amène la CAPEB a précisé que malgré les difficultés rencontrées, nous ne devons pas freiner nos efforts pour continuer à faire de l’apprentissage une voie d’excellence pour les jeunes réunionnais.
En voici les principales raisons.
D’abord les entreprises ont des besoins de recrutement, de compétences à satisfaire. Si ces besoins n’existent pas, les mesures incitatives auront peu d’incidence sur la décision de l’employeur.
Par ailleurs, elles ont besoin de transmettre leur savoir-faire pour ensuite « passer la main » à un jeune dans l’objectif de pérenniser l’appareil de production et donner à cet outil une véritable valeur.
Ensuite, parce que nos jeunes ont du talent, l’entreprise doit continuer à jouer pleinement son rôle de formation pour faire aimer le métier et aider l’apprenti à acquérir une vraie expérience professionnelle.
Enfin, l’entreprise a besoin aujourd’hui de s’ouvrir sur le monde et, à ce titre, il doit s’encadrer de compétences de haut niveau pour l’aider à innover et répondre aux exigences du consommateur. Dans ce domaine, nous devons constamment rechercher une voie parallèle à la formation académique, parce que les universités n’ont pas la capacité à former tous les cadres dont ont besoin les entreprises et encore moins de tous les professionnaliser.
Nous avons, nous chefs d’entreprise, une lourde responsabilité, celle de construire et d’offrir à nos jeunes de véritables perspectives professionnelles.


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