2020-05-07 08:37:54

Les entreprises à l'épreuve du feu

La date du déconfinement a été fixée au lundi 11 mai, soit environ deux mois après le confinement. Cette situation inédite en France a été nécessaire pour lutter contre la propagation du virus COVID 19. Le pire est maintenant devant nous car il va falloir réussir le redémarrage de l’activité, redonner confiance aux salariés et relancer la consommation tout en continuant à se protéger. Le Bâtiment qui allait mal avant la crise sanitaire aura-t-il la force de tenir?

Avant le confinement la filière allait mal

Depuis maintenant plusieurs années le BTP est un secteur d’activité déjà atrophié notamment par la

  • Baisse de la Dotation globale des collectivités impactant les investissements,
  • Fin de la défiscalisation sur le logement libre,
  • Instabilité des outils de financement du logement social,
  • Fragilité des bailleurs sociaux,
  • Pénurie du foncier favorisant l’envolée des prix,
  • Difficulté sur le financement sur l’aménagement du foncier quand celui-ci est acheté.

Pendant le confinement

La période de confinement est venue nous rappeler la fragilité de notre économie de la construction. Comme l’ensemble des autres secteurs d’activité, les mesures d’urgence prises par les pouvoirs publics en faveur des entreprises ont permis d’éviter des situations de défaillance.

Ainsi, malgré la réticence des pouvoirs public sur l’accès du BTP au chômage partiel, le dispositif a été bien accepté par les entreprises et finalement la filière a été éligible. Par ailleurs,l’indemnisation, sans délai de carence, des salariés pour arrêt maladie contraints de garder leur (s) enfant(s) ou encore la possibilité d’anticiper sur les congés payés, avec accord des salariés, pour maintenir les salaires pendant la période deconfinement, ont permis de sauvegarder les appareils de production les plus vulnérables.

Mais,il n’en demeure pas moins que certains de ces dispositifs ont été et sont encore l’objet de vives critiques. C’est le cas de l’aide apportée par le fonds de solidarité, laquelle constitue un soutien appréciable mais notoirement insuffisant compte tenu de la situation critique des entreprises. Le second volet dudit fonds est restrictif car il exclut les artisans travaillant seuls même si cet obstacle a été levé récemment grâce aux lobbies des chambres consulaires, de l’U2P et de la CAPEB. En ce qui concerne le prêt garanti par l’Etat, il existe un manque de transparence des taux lorsque l’entreprise veut rembourser par anticipation son PGE. Le problème se pose également pour les taux qui seront pratiqués après une année de remboursement pour les échéances à suivre. Enfin, Les assureurs n’ont pas été à la hauteur des enjeux au regard de la perte d’exploitation des entreprises.

Post-confinement

La période du post confinement arrive à grand pas et déjà les entreprises du bâtiment sont inquiètes et il y a de quoi :

  • Pénurie des masques réglementaires et un surenchérissement des prix lorsque l’on en trouve sur le marché ;
  • Le coût de la prévention du risque COVID-19 qui ne peut être supporté uniquement par les entreprises ;
  • Le coût du redémarrage des chantiers doit être partagé avec l’ensemble des acteurs intervenant dans l’acte de construire et pas uniquement mis sur le dos des entreprises ;
  • La trésorerie des entreprises est une préoccupation majeure de l’ensemble de la profession. Les banques sont souvent trop frileuses à soutenir a profession. Face à un tel cataclysme, elles doivent jouer le jeu et soutenir les petites entreprises.
  • Le risque de l’effondrement de la filière est bel et bien présent si les entreprises ne sont pas soutenues ;

Pour autant, nous devons être résilients si nous voulons empêcher un effondrement de notre branche d’activité. Le défi à relever est énorme mais pas insurmontable.Il nous faut donc établir un plan de relance en 3 phases :

Phase 1 :

  • Consolidation qui consiste prioritairement au sauvetage de nos entreprises de la faillite,
  • Garantir les PGE,
  • Déployer nécessairement de la solidarité ;
  • Et fournir des indicateurs précis qui aident au déconfinement.

Phase 2 :

  • Une période transitoire caractérisée par une reprise timide laquelle nécessitera un accompagnement soutenu à nos entreprises par des allègements massifs des charges, dégrèvements, compensations des surcoûts, etc….

Phase 3 :

  • Une période de reprise qui imposera de stimuler la demande en donnant un véritable « coup de booster » (défiscalisation ou crédit d’impôts pour les travaux, TVA à taux zéro pour l’achat de produits essentiels, réduction d’impôts sur le revenu pour les rémunérations perçues sur la période deconfinement, campagne de promotion de l’Artisanat,…)