2024-02-01 10:34:54

Les vœux 2024 de la CAPEB 21

Discours des Vœux du Président de la CAPEB 21

Jean-Sébastien NONQUE du 30 Janvier 2024

Mesdames, Messieurs, Chers Collègues,

Nous voici, à nouveau, réunis pour notre maintenant traditionnelle cérémonie des vœux.

Je tiens à remercier tout d’abord mon ami Mathias STOKER et toute son équipe, qui nous accueillent ce soir dans leurs beaux locaux.
En effet, nos locaux, qui sont actuellement en travaux, ne pouvaient pas décemment recevoir un large public d’adhérents et de fidèles partenaires.
C’est pourquoi, Mathias, qui a toujours été fidèle aux valeurs de l’artisanat, nous a gentiment mis à notre disposition cette belle salle.
C’est donc chez l’un de nos proches partenaires que je vous présente à toutes et à tous mes vœux les plus sincères.
Que cette nouvelle année 2024 vous apporte épanouissement et réussite dans vos activités personnelles et professionnelles, quelques chantiers et surtout beaucoup de marges.

Ces vœux, auxquels vous répondez toujours présents, sont bien sûr l’occasion de débuter cette année sous le signe de la convivialité qui caractérise bien les liens qui nous unissent, mais également de vous sensibiliser sur les enjeux qui font notre actualité en cette rentrée.

L’ampleur du mouvement des agriculteurs et de leurs revendications n’auront échappé à personne.
Tout en soutenant la cause des agriculteurs avec lesquels nous partageons de nombreux points communs, la CAPEB rappelle que les artisans du BTP souffrent et que la grogne monte dans nos rangs.
En effet, tout comme les agriculteurs, les artisans sont soumis à l’autorité des industries qui dictent leurs règles du jeu, en particulier lorsqu’il s’agit de fixer les prix des matériaux.
La CAPEB s’est saisie de ce sujet l’année dernière, lorsque les prix étaient au plus haut, pour dénoncer devant l’ensemble des responsables politiques, le jeu de l’inflation par les grands groupes et des marges records qu’ils ont enregistrés, alors que les artisans arrivaient à peine à tirer des marges de leur travail, pourtant surabondant.
Je remercie à cet égard de nouveau Mathias, car GEDIMAT STOKER est un des seuls distributeurs de Côte d’Or qui, l’année dernière, a signé la Charte d’Engagement pour le respect des prix des matériaux, établi par la CAPEB pour réguler l’envolée des prix et protéger la marge des artisans.
Par ailleurs, tout comme les agriculteurs, les artisans sont écrasés par un empilement de normes et de règles de plus en plus folles : les normes environnementales et les règles sur l’urbanisme sont des preuves flagrantes de la technocratisation des mesures qui nous sont imposées.
Au surplus, les prix des énergies s’envolent et beaucoup d’artisans, tout comme nombre d’agriculteurs, sont sérieusement impactés par le prix des énergies, du carburant et la taxation du GNR.
Il en va de même pour la concurrence déloyale dont souffrent les agriculteurs. Nous sommes, en tant qu’artisans du BTP, également exposé à la concurrence déloyale des travailleurs détachés, provenant des pays de l’Union Européenne, car nous ne sommes pas soumis aux mêmes règles du jeu et aux mêmes charges.
Je ne citerai pas dans mon discours tous les points communs avec les agriculteurs, d’autant plus que nous avons dans nos métiers de nombreuses singularités.
Pour autant, en dépit de son lot de déconvenues, l’année 2023 nous a apporté une satisfaction majeure. En effet, 2023 a été marquée par une progression dans la reconnaissance de la place et du rôle des entreprises que nous représentons.
Et je tiens pour cela à remercier sincèrement tous les membres du réseau CAPEB qui n’ont pas démérité et ont su faire rayonner le syndicalisme que nous incarnons.

Notre syndicalisme est essentiel.

Il est essentiel car il est le seul à être entièrement dédié à la défense des 621 000 artisans du bâtiment, soit 97% des entreprises du bâtiment, lesquelles embauchent 78 % des apprentis de notre secteur.
J’aime à rappeler ces chiffres, tant ils sont édifiants ! Nous pouvons en être fiers et le dire haut et fort, même si nous ne faisons jamais la couverture de nos journaux.
Ces TPE, qui constituent le socle de notre économie et de notre société. Sur ce point, nous faisons l’unanimité, tout le monde s’accorde sur leur caractère essentiel. Pourtant, leur voix ne compte pas à la hauteur de ce qu’elles représentent.
Notre combat pour mettre fin à cette injustice criante aura connu des avancées significatives en 2023.
L’obtention tout d’abord d’une mission flash sur la place des TPE dans la représentativité patronale, que nous avons obtenue auprès de Fadila Khattabi, ancienne députée de Côte d’Or et Présidente de la commission des affaires sociales, qui est par la suite devenue Ministre des personnes handicapées.
Bien que les conclusions de cette mission nous aient laissé sur notre faim, ce rapport fera tout de même date, car il a le mérite de reconnaître la nécessité de revoir un dispositif qui n’a laissé, jusqu’à maintenant, la place qu’aux grandes entreprises. Il conforte la justesse de notre combat.

Retenez qu’une petite musique de fond est en train de s’installer sur la nécessaire prise en compte des spécificités des TPE. Il était temps !
A l’heure où notre nouveau Premier ministre a déclaré faire des classes moyennes sa priorité, nous espérons que le combat que nous menons aboutira à la reconnaissance des droits des artisans.
Car oui, nous sommes directement concernés. L’année 2024, avec notamment la loi travail à venir, nous donne donc des perspectives. Je serai au rendez-vous avec l’U2P pour porter les entreprises de proximité.

Je formule également le vœu qu’en 2024, nous puissions regrouper encore davantage d’adhérents.
En l’espace de 5 ans, la CAPEB Côte d’Or a enregistré plus de 100 adhérents supplémentaires, pour dépasser la barre symbolique des 900 adhérents.
Depuis 2018, partout en France, notre collectif a continué à se renforcer pour atteindre près de 62 000 entreprises, soit 6 000 adhérents supplémentaires en 5 ans.
De notre nombre dépend l’écoute que l’on nous accorde et donc notre capacité à agir en faveur de l’activité des entreprises artisanales du bâtiment.

Et nous faisons le constat, trimestre après trimestre, que notre activité est menacée. Le dernier trimestre témoigne ainsi d’un recul du volume d’activité de nos entreprises de 1,5%, une première depuis 3 ans.
Les perspectives sur 2024 sont tout aussi inquiétantes avec une prévision à -2%.
Ce résultat s’explique bien évidemment par la chute de l’activité dans le neuf, qui a nécessairement des conséquences sur nos entreprises.
L’activité de la rénovation, dont la performance énergétique et l’accessibilité des logements, aurait dû tirer la croissance vers le haut.
Or, fin 2023, ce n’est plus le cas.
Un paradoxe incompréhensible que la CAPEB n’a cessé de pointer du doigt. Cet enjeu dépasse largement nos intérêts individuels.
C’est grâce à notre résilience et notre capacité d’adaptation que nos concitoyens peuvent vivre dans des logements accessibles, modernes et économes en énergie.
Nous ne nous sommes pas arrêtés pendant le COVID et nous avons porté l’économie de notre pays à bout de bras. Tout est dit dans cette phrase.
Nous ne le répéterons jamais assez : l’activité de nos entreprises fera la réussite de la France en matière de transitions. Or les dispositifs actuels (RGE, CEE et MaPrimeRénov’ pour n’en citer que 3), se caractérisent par une telle complexité, qu’ils ont pour effet d’écarter les entreprises artisanales compétentes de ces marchés, pour laisser la place aux margoulins de toutes sortes, essentiellement venus de la Région Parisienne, pour vendre de l’isolation et des PAC à 1 € !

Fidèle à notre réputation d’organisation réaliste et responsable, nous avons adressé au Gouvernement 15 propositions prêtes à l’emploi, n’exigeant aucun financement supplémentaire, pour lever les freins qui entravent la réalisation des objectifs de la France en matière de rénovation.
Des propositions dans leur grande majorité novatrices et élaborées par le terrain lui-même, donc en phase avec les réalités des entreprises et de leurs clients.

Parmi lesquelles :
• Simplifier l’accès aux aides financières
• Uniformiser les règles pour tous les dispositifs d’aides
• Avancer les aides pour permettre aux clients les plus modestes de payer les acomptes
• Mettre en place un certificat de conformité chantier pour permettre aux entreprises non RGE de réaliser ponctuellement des chantiers de rénovation énergétique.
Pour ne citer que celles-là.

Des propositions qui ont été reprises dans plusieurs annonces du Gouvernement, comme Bruno LEMAIRE, Ministre de l’Economie ou Christophe BECHU, Ministre de l’Ecologie, mais qui n’ont malheureusement fait l’objet d’aucune décision. Nous avons été face à un Gouvernement qui a fait la sourde oreille.

Notre récente action sur la réforme de MaPrimeRénov’ en est une nouvelle preuve.
Des mois que nous dénonçons le contenu de cette réforme qui produira exactement l’inverse de l’effet escompté.
Nous sommes le 30 janvier et cette réforme est entrée en vigueur, sans les évolutions demandées.
Le remaniement gouvernemental n’a pas permis au nouveau Premier ministre de se pencher sur ce dossier pourtant capital. Nous le déplorons.
Si je vous fais ce plaidoyer aujourd’hui, c’est parce que nous sommes tous concernés, nos entreprises le sont certes directement, mais ce sont surtout les clients, notamment les plus précaires qui en paieront les pots cassés. Beaucoup d’entre eux subissent d’ailleurs les arnaques liées au détournement des fonds publiques qui sont payés avec vos impôts.
C’est pourquoi, je vais demander au Préfet de Région, ainsi qu’à l’ensemble des Parlementaires de Côte d’Or de porter nos propositions au nouveau Premier Ministre.

Nous allons poursuivre ce combat avec la détermination qui nous caractérise. Il est plus que temps de miser véritablement sur la masse de nos entreprises qui s’inscrivent systématiquement dans une démarche de progrès.
Et cela vaut pour nos autres combats pour lesquels nous portons aussi des propositions de bon sens :
- La nécessaire lisibilité du dispositif MaPrimeAdapt’
- L’aboutissement des Rencontres de la simplification en faveur de mesures très concrètes à même d’alléger enfin le quotidien de nos chefs d’entreprise.
- Enfin, nous continuerons à privilégier la voix du pragmatisme au niveau des contraintes écologiques, telles que la Loi REP sur la gestion des déchets et les Zones à Faibles Émissions (ZFE).

Je vous épargne un long développement sur ces sujets, car avant de passer aux festivités, je souhaite aborder avec vous la priorité que constitue la formation de nos jeunes et de l’apprentissage.

La CAPEB est consciente du rôle qu’elle a à jouer.

En 2023, nous avons largement contribué à sensibiliser le grand public sur les métiers du bâtiment, notamment par le biais de nombreuses actions, telles que notre participation aux Worldskills de Dijon.
Une expérience qui a été couronnée de succès et qui a donné lieu au lancement officiel de notre campagne de promotion « Artisan du bâtiment pour moi, pour nous tous ».
En 2024, nous continuerons bien sûr cette action tout en insistant sur l’urgence de renforcer l’attractivité de nos métiers, si nous voulons assurer la transmission de nos savoir-faire et de nos entreprises.

Un dernier point qui me tient particulièrement à cœur.
Il s’agit des travaux d’ampleurs qui sont actuellement en cours dans les locaux de la CAPEB, qui nous permettront d’aménager un espace de travail supplémentaire.
Cet aménagement a été imaginé par mon prédécesseur, Alain RATEAU, il y a bientôt 10 ans.
Je suis heureux de pouvoir vous annoncer que les travaux seront achevés d’ici le mois prochain et j’espère pouvoir vous accueillir dans des locaux rafraichis et nouvellement aménagés.

Je suis fier d’être le Président d’une organisation qui tient pleinement les objectifs de son ambitieux projet stratégique, pour répondre toujours mieux aux besoins de ses adhérents et rester le seul collectif rassemblant des personnes de tous les territoires qui partagent les mêmes valeurs de proximité, de convivialité et d’écoute.

Avant de conclure, je tiens à remercier l’ensemble des membres de mon Conseil d’Administration qui sont à mes côtés pour soutenir mes actions, ainsi que tous les collaborateurs, qui ont contribué à la réussite de la CAPEB Côte d’Or et sans lesquels je ne pourrais pas m’enorgueillir de tous ces bons résultats.

Je vous remercie de votre écoute, et vous souhaite à nouveau une belle et heureuse année 2024 !