2023-05-31 16:13:13

Portrait de Laurent Remaud, artisan plâtrier staffeur, candidat au MOF

Laurent Remaud, staffeur plâtrier depuis 1982, revient sur son parcours professionnel. Artisan passionné engagé au sein de la CAPEB, il a parcouru le monde et est fier de tous ses "beaux" chantiers réalisés à l'étranger (Kazakhstan, Turkménistan, San Francisco, Tahiti, Moscou, le Qatar...). Il a récemment participé au concours Meilleur Ouvrier de France. On l'a récemment interviewé pour qu'il nous parle de cette riche expérience.

Staffeur, c’est quoi exactement ?

Staffer, c'est le moulage, la décoration en plâtre, en plâtre de moulage. On fabrique des moules en atelier. Dans ces moules, on coule du plâtre armé avec de la filasse et éventuellement de la toile de jute. Ensuite, on vient suspendre ça soit au plafond, soit sur une structure qu'on aura au préalable fabriqué. On peut également habiller des murs, il existe plein de possibilités en staff.

Peux-tu revenir sur ton parcours ?

J’ai terminé l’école en 3ème, j’avais 16 ans. Je suis parti en apprentissage chez les Compagnons du Devoir en tant qu’apprenti plâtrier. Je ne voulais pas faire plâtrier, je n’ai jamais voulu faire plâtrier, je trouvais le métier « sale » et je voulais directement faire du staff. On m’a dit, "tu veux faire staffeur" ? Alors il faudra d’abord être plâtrier. Ça ne m’a pas plu. Aujourd’hui je ne regrette pas, puisque ça reste un beau métier. J’ai donc fini mon apprentissage, je suis allé jusqu’à une maîtrise de plâtrier. Je me suis lancé en même temps dans le staff. Et aujourd’hui, je fais les 2, la plâtrerie et le staff.

Est-ce que tu peux nous parler de tes chantiers à l’étranger ?

Après avoir tourné chez les Compagnons, je suis parti à Paris avec un objectif en tête, partir à l’étranger. Ça, je ne le disais à personne, c'était une idée que j'avais au fond de moi. Et 3 ans après, j'ai trouvé une entreprise qui m'a proposé un chantier au Kazakhstan. J’ai dit oui tout suite. Et de fil en aiguille, je suis parti au Turkménistan l’année qui a suivi. J’ai également été à Tahiti, Moscou, au Qatar... Ce qui m’a appris énormément de choses au niveau professionnel, culturel et humain bien sûr.

Qu’est-ce que tu aimes le plus dans ce métier ?

Peut-être mettre les mains dans le plâtre alors que c’est ce que je n’ai jamais voulu faire quand j’étais jeune [rires]. Mettre les mains dans la matière. Je ne sais pas comment l’expliquer, c’est une matière noble. Mon métier me procure une certaine satisfaction, c’est une vraie passion !

Quelles sont les qualités requises pour être un bon staffeur ?

Il faut aimer le plâtre, la décoration d’intérieur, mettre les mains dedans. Il ne faut pas avoir peur d’aller sur les chantiers, même en plein hiver quand il fait froid. Alors quand on est jeune, c’est vrai que ce n’est pas facile. Quand on s’y donne, on apprend, on voit des beaux chantiers, ça nous motive. Et puis quand on arrive à faire du staff, c’est le top. C’est des ornements, des corniches de style. Ça peut aussi être du contemporain. Prenons un exemple à Nantes, les centres Leclerc comme à Atlantis, ce sont de gros volumes et tout est moulé en plâtre.

Est-ce qu’il existe un chantier ou une réalisation dont tu es fier ?

Les différents chantiers que j’ai fait à l’étranger, je pense à Moscou, la Maison de Maire de Moscou, un palais au Qatar aussi. Une maison bourgeoise à Londres aussi, San Francisco pour un milliardaire... Il y en a plusieurs en fait. Mes chantiers à l’étranger, ce sont les plus beaux, c'est certain !

On a récemment eu écho de ta participation au concours MOF. Est-ce que tu peux nous en dire deux mots ?

Durant mon apprentissage, chez les Compagnons du Devoir, j’ai pu voir des maquettes de Meilleur Ouvrier de France et je me suis toujours dit un jour "ce serait quand même pas mal si je me lançais dans ce concours". Il y a 4 ou 5 ans, j’ai décidé de franchir le pas. Je me suis inscrit en 2019 et malheureusement le Covid est passé par là. J'ai passé les qualifications en juin 2022 pour arriver en finale en 2023. On a reçu les plans par mail en août dernier. C’était ensuite à moi de faire, selon ces plans. On a également reçu un descriptif, c'était à nous de nous débrouiller de manière autonome. On a pu concevoir notre maquette là où on voulait. Puis, l'assemblage s'est déroulé en loge à Tulle, fin mars. Malheureusement j’ai échoué en finale."

Merci et Bravo à Laurent pour son travail et son investissement, il a passé plus de 300h sur sa pièce.