2020-03-28 06:52:55

« La vie de nos boîtes, c’est déjà la vie des femmes et des hommes qui la composent ! » PAS DE SECURITE = PAS DE CHANTIER

La CAPEB & la CNATP de l’Aube conseille aux entreprises du BTP de ne pas reprendre les chantiers !

Les conséquences de la crise sanitaire mondiale liée du Covid 19 a des répercussions à tous les niveaux. Et le secteur du BTP n’y échappe pas.

Pris en étau entre la volonté de préserver la santé de leur personnel et la nécessité de d’assurer la survie économique de leur entreprise, les chefs d’entreprises artisanales du BTP ne savent plus quoi faire.

Alors que le Premier Ministre a décrété une prolongation du confinement jusqu’au 15 avril 2020, il est compliqué d’imaginer que les salariés ainsi que les artisans devraient reprendre les chantiers.

Si pour certaines grandes sociétés la rentabilité financière passe avant tout autre chose, la réflexion est tout autre dans une entreprise artisanale. Les salariés et le chef d’entreprise forment une famille, une équipe indissociable où tout le monde se connaît. Et mettre en danger une personne de sa famille dans la période actuelle, la plupart des artisans ne peuvent s’y résoudre.

Tout employeur a la responsabilité de garantir la sécurité de son personnel. Dans le cas contraire, sa faute inexcusable pourrait être engagée. Or, la situation actuelle ne permet absolument pas à un chef d’entreprise du BTP de garantir cette sécurité.

Un accord avait été négocié entre les acteurs de la Construction et le gouvernement, et signé le week-end dernier. Or, cet accord devait être complété cette semaine par la parution d’un guide de bonne conduite rédigé par l’OPPBTP. L’objectif de ce guide étant de sécuriser les conditions dans lesquelles un chantier pourrait se réaliser tout en respectant les règles strictes de sécurité sanitaire. Rappelons que faute de pouvoir respecter les pratiques décrites par l’OPPBTP, les entreprises peuvent justifier de l’activité partielle, que beaucoup d’entre elles ont d’ores et déjà sollicité.

Malheureusement, alors que les organisations professionnelles et syndicales de la profession, ainsi que les négociants, les architectes et bureaux d’étude ont assumé leur part de responsabilité en rédigeant ce guide de bonne pratique en seulement 4 jours, les Pouvoirs ne l’ont toujours pas validé.

Mais quand bien même le guide de l’OPP.BTP était validé, même si les mesures prévues sont légitimes, les contraintes sanitaires reportées sur les entreprises pour protéger leurs salariés sur chantiers sont impossibles à mettre en œuvre :
- Proscrire toute tâche ne permettant pas de respecter la distanciation minimale de 1m, à moins de porter un masque
- Imposer de nettoyer tout outillage avant de passer entre les mains d’un autre compagnon
- Imposer aux compagnons de se laver les mains toutes les 2h
- Désinfecter les bases vie 2 fois par jour.
- Limiter au maximum la co-activité. Ce qui est par définition compliqué sur des chantiers de construction ou les différents lots travaillent les uns à côtés des autres.
- Mettre en place un local d’isolement en cas de suspicion de Covid-19.
- Se déplacer à un par véhicule 2 places et à 2 maximum par véhicule 3 places, etc.

Rappelons qu’il est impossible aujourd’hui de se procurer des masques de protection, sachant qu’ils sont réquisitionnés pour le personnel soignant ce qui est tout à fait normal. Également, très peu d’entreprises disposent d’un véhicule par salarié pour respecter la mesure de distanciation entre les compagnons. Et que dire des situations quotidiennes des nos chantiers : l’installation d’une menuiserie ou d’une chaudière, la proximité sur les échafaudages

Aujourd’hui, il n’est pas possible de dépister les compagnons et les chefs d’entreprises du BTP. Ainsi, sans possibilité d’assurer la mise en œuvre des gestes barrières, il y a un véritable risque de créer des « clusters Covid-19 » sur les chantiers du BTP. C’est hors de question !

Par ailleurs, d’autres contraintes compromettent la reprise de l’activité du BTP.
- Des fournisseurs de matériaux ouvert en mode « dégradé » ce qui provoque des délais importants pour s’approvisionner, et mêmes des ruptures d’approvisionnement pour certains produits.
- Des clients particuliers qui refusent de laisser les professionnels accéder à leur logement. Qui peut les en blâmer ?
- Des fermetures de chantiers imposées par certains maîtres d’ouvrages, notamment les chantiers de l’Etat.

Ces conditions exceptionnelles servent également à motiver la mise en activité partielle, car elles mettent en péril la rentabilité économique des chantiers.

Pour toutes ces raisons, les conseils d’administration de la CAPEB et de la CNATP de l’Aube réunis en visio conférence vendredi 27 mars, ont décidé de conseiller à tous les chefs d’entreprises du BTP de ne pas reprendre les chantiers à compter du lundi 30 mars 2020, pour garantir la santé de leur personnel, et sécuriser juridiquement leur entreprise.

D’ailleurs, la CAPEB & la CNATP dénonce l’attitude de certains maitres d’ouvrages privés, promoteurs immobiliers qui mettent la pression sur les entreprises pour reprendre les chantiers, sous peine de pénalités de retard. Dans le contexte que nous connaissons, ces attitudes sont inacceptables !

Évidemment, pour les situations où les chantiers ne peuvent être reportés (travaux d’urgence, dépannage,…), ou dans le cas où le chef d’entreprise pour des raisons de survie économique doit assurer une activité minimum, la CAPEB & CNATP de l’Aube est au côté des entreprises pour leur permettre de mettre en œuvre les gestes barrières absolument nécessaires.

La CAPEB & CNATP de l’Aube ont d’ailleurs commencé à distribuer de la solution hydro alcoolique aux entreprises intéressées. Et devrait proposer – quand cela sera possible – une commande groupée de masques de protection type FFP2.

Enfin, les entreprises du BTP de l’Aube peuvent retrouver sur le site de la CAPEB de l’Aube une boite à outils spéciale CORONAVIRUS avec toutes les aides financières et mesures de soutien aux entreprises et de nombreuses infos pratiques pour répondre à leurs interrogations.