2025-10-08 00:00:00

"Catastrophique", "irresponsable", "plaisanterie" : la colère du patron des artisans du bâtiment face au chaos politique

À la tête de la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb), qui rassemble 62.000 adhérents, Jean-Christophe Repon se dit « atterré » par la nouvelle crise politique qui secoue le pays.

Que vous inspire la démission de Sébastien Lecornu ?

C’est tout simplement catastrophique pour nous. L’activité de notre secteur est déjà en récession depuis deux ans, nous avons détruit 28.000 emplois en 2024, et la plaisanterie à laquelle on assiste maintenant ne va faire que dégrader un peu plus le marché.
Je suis atterré par l’irresponsabilité de nos gouvernants, leur incapacité à trouver un dénominateur commun pour sortir le pays de la crise. Comment voulez-vous que l’on ait une visibilité à moyen et même à court terme dans ces conditions ? C’est impossible.
Je ne fais de politique. Mais que l’on soit incapable de trouver, en France, des élus capables de se parler dans une situation aussi alarmante, ce n’est pas tolérable.

Quelles sont, pour vous, les répercussions de cette instabilité politique persistante ?

Dans un contexte aussi incertain, les gens ne se projettent pas dans l’amélioration de leur habitat. Ce n’est pas un hasard si notre activité est en recul de 5 % alors que l’épargne, elle, est en hausse de 19 %.
Très concrètement, on a au quotidien des devis repoussés, d’autres qui sont divisés par deux ou trois. Les carnets de commandes se réduisent. On était à 100 jours de prévisionnel il y a un an, on est désormais à 68 jours. Les ménages ont mis le pied sur le frein car ils n’ont plus confiance. Or, pour rétablir cette confiance, il faut déjà avoir un Premier ministre et un gouvernement…

Observez-vous un mécontentement grandissant dans les rangs de vos adhérents ?
On sent effectivement monter chez eux un épuisement, lié à la récession, mais aussi une colère et même une certaine radicalité. Il y a une forme de ras-le-bol, d’exaspération. À la Capeb, nous ne sommes pas des populistes, nous n’allons pas tomber dans le discours du « tous pourris » ou du dégagisme. Nous sommes là pour donner à nos artisans un sens, une vision, et déterminés à tenir la barre.
Mais pour y arriver, il faut que l’on ait en face de nous des gens responsables. Là, en toute sincérité, on espérait voir enfin le bout du tunnel, et c’est tout l’inverse. On plonge dans un nouveau tunnel, encore plus profond…

Propos recueillis par Stéphane Barnoin