2025-11-20 00:00:00

Vers la facturation électronique en toute maîtrise : ce que les entreprises du BTP doivent savoir

La facturation électronique arrive pour toutes les entreprises. Avant de s’engager dans des solutions parfois coûteuses, mieux vaut comprendre ce qui va réellement changer… et selon quel calendrier.

I. Le cadre légal : une réforme progressive qui impactera tout le monde

À retenir : à partir du 1er septembre 2026, toutes les entreprises devront être en capacité de recevoir des factures électroniques.

La réforme poursuit deux objectifs : sécuriser les flux et lutter contre la fraude à la TVA.

Elle concerne toutes les entreprises assujetties à la TVA, y compris les micro-entreprises et auto-entrepreneurs.

Pourquoi cette date est-elle importante pour les artisans du BTP ?
Parce que les grandes entreprises (plus de 5 000 salariés ou CA supérieur à 1,5 Md €) et les ETI (250 à 4 999 salariés, CA supérieur à 50 M€) devront émettre 100 % de leurs factures en format électronique dès cette date. Elles enverront donc des factures électroniques … dont beaucoup sont des entreprises du BTP, ce qui impose aux artisans d’être prêts à les recevoir.

Les TPE, PME et micro-entreprises auront, elles, jusqu’au 1er septembre 2027 (au plus tôt) pour émettre électroniquement leurs factures.
La même date s’applique à la transmission des données à l’administration (e-reporting).

II. Ce que cela va changer dans les entreprises artisanales

La principale évolution concerne la dématérialisation complète des factures : archivage automatique, suivi de l’avancement d’une facture en temps réel et meilleure traçabilité des échanges. Ces avantages existent, mais ils supposent aussi d’adapter certains réflexes de travail.

Ensuite, l’organisation interne devra être clarifiée. Chaque entreprise devra définir qui sera responsable de l’émission des factures via la plateforme, de la réception et du contrôle des factures fournisseurs, ainsi que de la validation et de l’archivage des opérations. Cela suppose d’anticiper une montée en compétence des équipes administratives, de facturation ou de comptabilité, et de prévoir le temps nécessaire pour se former.

Ce changement implique également des choix techniques. Les entreprises devront sélectionner une solution compatible avec leurs logiciels métier (EBP, Sage/Batigest ou autres), vérifier que leur matériel informatique est adapté (connexion internet stable, poste à jour, imprimante/scanner si besoin), et identifier si des mises à niveau ou migrations sont nécessaires.

III. La mise en pratique dans vos entreprises : les étapes essentielles

La première étape consiste à diagnostiquer votre équipement actuel : votre logiciel (EBP, Sage Batigest ou autre) est-il à jour ? Votre contrat permet-il les mises à jour ? Les versions trop anciennes devront évoluer : par exemple, Batigest impose désormais une migration vers Batigest Connect, seule version compatible avec la réforme.

Ensuite, il faudra choisir une plateforme, appelée plateforme de dématérialisation partenaire (PDP), qui servira à envoyer et recevoir vos factures. Les éditeurs de logiciels de facturation (EBP / SAGE (Batigest…), etc) prévoient d’intégrer leur propre solution directement dans le logiciel, ce qui évite un prestataire supplémentaire et limite les coûts. C’est notamment ce que confirme votre prestataire local ICA (Informatique Champagne-Ardenne) pour les suites EBP et Sage : les artisans n’auront pas besoin de passer par une plateforme proposée par une banque ou un cabinet comptable, sauf choix volontaire de leur part.

Vient ensuite la mise à jour de vos modèles, de vos processus internes et la formation des personnes concernées. A ce sujet, la CAPEB de l’Aube prévoit la mise en place de formations groupées sur le second semestre 2026. Une formation de 7h semble suffisante, répartie sur 2 demi-journées afin de faciliter la mise en application.

IV. Se préparer sans précipitation

Depuis l’annonce de la réforme, plusieurs acteurs du marché — éditeurs de logiciels, prestataires numériques, solutions bancaires ou cabinets accompagnateurs — commencent à communiquer sur des outils répondant aux futures obligations.

Mais à ce stade, toutes les informations ne sont pas encore connues, en particulier celles qui dépendront des éditeurs de logiciels métiers spécialisés BTP. Sans ces précisions, il reste difficile de savoir quelle solution sera réellement adaptée au fonctionnement de vos entreprises et de votre activité.

C’est pourquoi il peut être sage de temporiser avant de s’engager dans un abonnement ou un nouvel outil.

S’engager trop vite peut en effet entraîner :
- une multiplication des interlocuteurs (logiciel métier, banque, plateforme dématérialisation, expert-comptable…) ;
- des coûts récurrents difficiles à anticiper ;
- un risque de manque de compatibilité entre les outils existants et la future solution;
- une perte d’autonomie si la solution ne laisse pas la main à l’entreprise une fois mise en place.

L’objectif n’est pas de mettre en cause les offres existantes : elles répondront probablement aux besoins du marché, mais il est encore trop tôt pour savoir lesquelles seront réellement adaptées aux artisans du BTP.
Mieux vaut donc attendre d’avoir une vision claire du cadre définitif, des obligations techniques et des recommandations des éditeurs métiers, avant de prendre une décision.

La facturation électronique est une réforme structurante… mais elle nécessite une préparation lucide.

Pour vous accompagner, la CAPEB organisera fin février / début mars 2026 une grande réunion d’information, réunissant plusieurs intervenants spécialisés.